Nouvelle Calédonie : la SIC face aux urgences
« On a l’habitude de dire que la SIC est un outil pays, partage Alexandre Mirault, directeur d’agence pour la SIC. C’est aujourd’hui plus vrai que jamais. Notre entreprise va au-delà de ses missions de bailleur, la stratégie est 100% sociale ».
Les initiatives des équipes de la SIC pour préserver le lien, à distance ou sur place, concernent l’ensemble des locataires : seniors, étudiants, familles… et les collaborateurs.
Les événements ont commencé le 13 mai 2024.
Dès le 17 mai, la SIC a travaillé avec les Associations de locataires pour cartographier les problèmes principaux vécus par les habitants : explosion, fumée, manque de nourriture, blocages dans le quartier, besoins de couches et lait pour les bébés... Il s’agit de faire remonter ces besoins auprès des collectivités pour apporter des solutions, au travers de bons ou colis alimentaires, de kit d’hygiène ou de mise en place de bennes pour la collecte des ordures.
« Nos deux résidences pour personnes âgées (RPA) ont été préservées, explique Alexandre Mirault. Nous avons pu nous y rendre dès le 19 mai, avec la Croix-Rouge pour y préparer des repas. Puis ont été apportés des colis alimentaires et pour l’une des résidences, des médicaments. Ce sont des appels aux dons et l’aide de la banque alimentaire, qui ont permis ces distributions car les magasins étaient souvent fermés ou inaccessibles dans les premiers jours.
La SIC accueille aussi notamment 800 seniors isolés, vivant seuls dans un logement familial classique, ainsi que 2 000 familles dans des résidences situées en « zone rouge » (touchée par les exactions et inaccessible par les équipes). Des campagnes de phoning, lancées début juin, ont permis de prendre de leurs nouvelles, d’identifier les situations d’urgence et de les relayer auprès des CCAS ou de la DPASS (Direction Provinciale de l’Action Sanitaire et Sociale).
La route menant à la commune du Mont-Dore, voisine de celle de Nouméa étant bloquée, des collègues sont bloqués chez eux. Ce sont eux qui, en lien avec nos locataires, réceptionnent les colis alimentaires acheminés par voie maritime ».
Des actions spécifiques concernent également les étudiants, prioritairement pour apporter sécurité et colis alimentaire.
Christine Nuss, Chef de service communication, d’ajouter : « Le 25 mai dernier, la SIC a pu reloger en urgence 4 familles locataires d’un autre bailleur social et 2 touristes sans solution d’hébergement. Ils ont été accueillis dans les logements du futur Centre hébergement des auteurs de violences conjugales qui devait ouvrir quelques semaines plus tard. Ce sont ainsi 20 personnes qui ont été mises en sécurité dans un esprit de solidarité, alors même qu’elles n’étaient pas locataires de la SIC.
En une journée, chacun a déposé un bout d’équipement ou de meuble dans ce lieu de transition, dont la Croix rouge, des habitants, des collègues. Des aliments ont été partagés avec les familles grâce à la banque alimentaire, et des vêtements grâce à la ressourcerie.».
Pour l’ensemble des locataires, dès le 29 mai, un numéro vert a été mis en place par la SIC et le lendemain, l’accueil du siège a pu réouvrir. Depuis le 10 juin, la SIC accueille aussi une permanence de la Sem Sud Habitat, un bailleur social étant dans l’incapacité d’ouvrir ses bureaux à Dumbéa. Depuis le 19 juin, un nouveau point d’accueil de la SIC a ouvert dans sa seule agence de Nouméa préservée des exactions, ses deux autres agences situées sur la commune ayant été détruites.
Dès le début de la crise, la SIC a ouvert pour ses équipes un numéro d’appel pour bénéficier d’un soutien psychologique. Un questionnaire a également été diffusé en interne pour détecter les situations d’urgence vécues par le personnel. Mi-juin, des groupes d’analyse de pratiques ont été mis en place pour accompagner les équipes à la reprise du contact client et du terrain en favorisant l’écoute, la solidarité et la bienveillance envers les autres, avec une priorité accordée à la sécurité des personnes ».
« La priorité aujourd’hui, c’est aussi la survie de l’entreprise, ajoute Christine Nuss. Les impacts sont très lourds sur le plan économique avec l’explosion des impayés et la perte de deux agences pour la SIC. Nous avons mené une restructuration et reportons toutes les dépenses qui ne sont pas vitales, pour privilégier l’hygiène et la sécurité. L’entreprise travaille en parallèle sur la recherche de solutions financières pour soutenir la pérennité de notre organisation, et lui permettre de continuer à apporter un service aux résidents ».
« Nous nous appuyons sur notre réseau de partenaires pour agir auprès des habitants, qui nous disent tous merci. Nous recommençons les visites en zone verte, sur le terrain. Au-delà de l’accueil au siège et en agence, nous travaillons à la mise en place de permanences mobiles, dont la première a eu lieu la semaine dernière. L’objectif est d’aller au plus près des résidences et des clients, qui ne peuvent plus se déplacer car il n’y a plus de bus jusque septembre ».
« Cela va prendre des mois, des années pour organiser le redressement de la Calédonie, témoignent Alexandre et Christine. Il s’agit de réinventer la Calédonie. Un nouvel accord politique est nécessaire à l’apaisement du conflit ».
Propos recueillis par DELPHIS auprès de la SIC par visio le 25 juin 2024 puis par mail le 1er juillet 2024.
La Société Immobilière de Calédonie est membre de DELPHIS depuis 2023, et a initié une démarche Habitat Senior Services®.