Comment dépasser l’affichage de la responsabilité sociale des entreprises ?
Cinq intervenants de qualité y ont apporté des éléments de réponse: Thierry Beaudet, Président de la MGEN ; Thomas Deysieux, Chargé de mission RSE du groupe Chèque Déjeuner ; Patrick Pierron, secrétaire national de la CFDT en charge de la RSE ; François Fatoux, Délégué général de l'Observatoire de la Responsabilité Sociale des Entreprises (ORSE) ; Martin Richer, Consultant en RSE.
Des échanges, nous retenons trois points:
- Il est significatif que cet événement ait été co-organisé par le « Miroir Social ». Ce média cible en premier lieu les partenaires sociaux, en se fixant pour mission « de donner une voix à l’ensemble des acteurs du dialogue social », en leur permettant de s’exprimer sur différents sujets d’actualité. Qu’un tel acteur s’empare du sujet de la RSE dénote l’intérêt croissant accordé à la RSE par les syndicats et plus généralement, par les personnels et leurs représentants.
- L’implication croissante des parties prenantes, notamment des parties prenantes internes, nécessitera une vraie volonté de concertation de la part des partenaires sociaux engagés dans des démarches de RSE – soit un réel changement dans les pratiques de management. La place particulière des salariés – tout à la fois sujet et objet de la responsabilité sociale des organisations– en fait une des parties prenantes clés. Plus l’engagement des partenaires sociaux sur la RSE sera fort, moins les entreprises pourront se limiter à un toilettage de leur communication ou à un « supplément d’âme philanthropique », sans questionnement de leurs pratiques quotidiennes.
- Le fil directeur des échanges de cette rencontre a été le reporting. Aux yeux des participants, une information régulière et transparente sur l’ensemble du champ de la RSE sous forme d’indicateurs partagés est aujourd’hui incontournable pour instaurer ou renforcer la confiance des collaborateurs et de leurs représentants. Au-delà des obligations réglementaires, le reporting RSE est un élément indispensable pour démontrer la sincérité de la démarche et la piloter. Pour citer Thierry Beaudet, le reporting, c’est « le langage de la preuve ». Comme l’a signalé Patrick Pierron, « les omertas du passé ne sont plus possibles aujourd’hui » dans un monde ouvert où l’information circule bien plus librement et rapidement.
Pour terminer, mentionnons Martin Richer qui conseille des partenaires sociaux souhaitant faire de la RSE un levier de leurs actions. Lorsque les entreprises affichent des engagements « RSE », « il faut les prendre au mot » : recenser l’ensemble de ces engagements, les hiérarchiser, et demander à ce qu’ils soient étayés par des objectifs et un suivi.
Pour DELPHIS, travaillant depuis 2007 à la construction d’outils de reporting sectoriels pour le logement social, dans les tasses du Procope, café philosophique et haut lieu des Lumières, nous buvions ce matin-là du petit lait.
Charlotte Limousin, chargée de mission R.S.E., DELPHIS