Les trophées des Trophées...

Les 6 trophées qui récompensent les lauréats des Trophées Européens de l'Habitat Responsable remis à Lyon le 6 juin sont désormais disséminés en Europe : Villeneuve-Saint-Georges, Barcelone, Berlin, Turin, Roosendaal... Mais que représentent ces trophées ?

 

Cette année, Housing Europe, IUT et Delphis ont choisi de faire appel à l'Atelier des Artistes en Exil pour réaliser les six trophées remis dans le cadre de la troisième édition des Trophées Européens de l'Habitat Responsable. Chacun des 86 projets soumis par les bailleurs sociaux dessine à sa façon le logement social de demain, plus responsable. Suite à un échange sur le logement social en Europe, l'artiste Ibrahim Adam a choisi de réaliser un trophée-sculpture qui représente une ghotiya, habitation tradionnelle de son pays d'origine qu'il pose sur un piédestal.

Ghotiya — habitation vernaculaire soudanaise - L’habitat rural du Soudan, principalement dans le Sud et l’Est du pays, est constitué majoritairement de huttes rondes au toit conique en chaume, appelées ghotiya. Fait de branches et de tronc d'arbres et de torchis mélangé à des pigments, leur bâti traditionnel est simple, économique et résistant à la fois. Leur toit présente une structure de bois, recouvert de paille de maïs ou d'autres graminées. L’intérieur de l’unique pièce circulaire porte des dessins et des figures décoratives. Construites avec des matériaux traditionnels, les ghotiya préservent leurs habitants des grosses chaleurs et de la pluie.  Leurs formes diffèrent selon les régions, les tribus et leurs activités agricoles.

Cette hutte traditionnelle évoque l'idée de la cabane... Sur une plateforme très connue de location de logements de courte durée, c'est une cabane dans les arbres qui suscite le plus d'engouement et dépasse, en nombre de visites ou de souhaits de séjours, les logements les plus luxueux. L'idée de la cabane est ancrée dans notre culture occidentale et européenne : un "rêve de cabane", de "retour aux sources". Quel regard un migrant, dont le parcours l'aura amené à dormir dehors ou dans des abris de fortune, peut-il porter sur "nos rêves de cabane" ? Comment, au niveau du secteur du logement social, mieux comprendre et faire plus pour les réfugiés ? Cette ghotiya questionne également les progrès de nos projets de construction de nouveaux logements sociaux : face aux défis induits par le changement climatique et l'épuisement des ressources, l'économie circulaire questionne nos pratiques et les remet en question (constructions bas carbone, efficacité énergétique, matériaux biosourcés)... Mais à quel rythme et avec qui ? Quel regard critique doit-on porter sur nos ambitions notamment par rapport aux objectifs de développement durable ?

Ibrahim Adam — auteur des trophées - Né en 1984 près d’Al Fasher, au Soudan, issu d’une ethnie minoritaire marginalisée du Darfour, Ibrahim Adam doit interrompre ses études d’architecture à l’université du Soudan. Il est assistant dans un cabinet d’architectes puis superviseur sur des chantiers à Dubaï et à Addis-Abeba, avant de revenir au Soudan, où il lui est impossible de rester. Il passe par la Lybie, où il fait du design intérieur. À son arrivée en France en 2014, il passe par Calais et suit le « programme étudiants invités » à l‘ENSAD. Il exprime sa créativité par des dessins et des maquettes. Membre de l’atelier des artistes en exil, il expose dans les vitrines du ministère de la Culture au Palais Royal (2018), dans le cadre des vitrines de l’atelier des artistes en exil.

Ibrahim témoigne à propos de ces trophées : « J'ai accepté ce projet parce que je voyais que c'était un moyen de faire connaître l'architecture traditionnelle de mon pays à des bailleurs sociaux en Europe. Cette conception architecturale existe encore de nos jours au Soudan et peu de gens le savent. Je voulais donc donner plus de visibilité à cette belle structure. J’ai accepté ce projet car il reflète un problème dont je souffre, le logement, et aussi parce que j’ai actuellement beaucoup de difficultés dans ma vie. »

 

Chaque édition donne lieu à l'édition d'une publication qui rassemble les 25 projets les plus reconnus (par le jury), parmi lesquels 5 lauréats ont été identifiés et cette année, exceptionnellement, 1 prix spécial a été décerné. Les bailleurs sociaux "finalistes" peuvent ainsi afficher et promouvoir leur approche d'un logement social plus responsable. Participer aux trophées, c'est à la fois avoir la chance de voir son action reconnue et diffusée dans une publication mais c'est aussi et surtout partager ensemble son intérêt pour la RSE, sa traduction dans des pratiques pour partager le sens du rôle collectif que les bailleurs ont à jouer vis-à-vis de leurs parties prenantes, locataires et résidents en premier lieu.

Pour plus d'informations : penaud@delphis-asso.org

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